Mythique en parfumerie comme en football, le numéro 5 n’a hier soir pas porté chance à Kylian Mbappé. Pétri de talent et d’orgueil, l’attaquant français avait choisi d’être le cinquième tireur de son équipe lors de la séance des tirs aux buts. Le cinquième et dernier, celui dont la réussite à cet exercice périlleux vaut généralement victoire et qualification. Autant dire qu’on s’en souvient, du cinquième tireur. Problème, on s'en souvient aussi en cas d’échec.
Face à la Suisse, la prise de responsabilité de Kylian Mbappé, dans ce rôle de primus inter pares qu’il semble vouloir s’attribuer, restera à jamais synonyme de défaite. En même temps, comme dirait l’autre, prendre ses responsabilités, c’est ne pas les fuir. Le tout à 22 ans. «Mbappé a toujours été précoce. Que ce soit au foot ou à l’école. A 12 ans, il s’ennuyait en classe», note Hervé Penot, journaliste au quotidien sportif français L’Equipe.
C’est donc précocement que Kylian Mbappé va devoir gérer ce qu’avant lui des stars plus âgées au moment des faits ont dû surmonter. Michel Platini en 1986 au Mexique contre le Brésil. A la différence que son pénalty manqué n’avait pas causé l’élimination de la France – toi aussi, remue le couteau dans la plaie.
Sur les réseaux, où les fans se comptent en millions, Mbappé s’est excusé (what else?):
N'empêche, il prend cher. C’est ce qui arrive quand les réputations sont paraissent usurpées aux yeux de certains. Ainsi, le feu-follet de Bondy, la ville de Seine-Saint-Denis où il a grandi, serait un puceau comparé au taiseux de Rosario, l’Argentin Lionel Messi.
Messi est le joueur avec le plus de talent de tous les temps. Messi est un joueur qui n’a qu’un seul égal et qui a été extraordinaire pendant presque 15 ans. Ne parlez pas encore de Mbappé comme un concurrent https://t.co/Fv8Ut86VSK
— Karim Benzema (@BasharCurtis) June 29, 2021
Le blues dure longtemps? «Je ne crois pas, tranche Hervé Penot à propos de numéro 10 français. Je ne le vois pas se laisser abattre par ce coup du sort. Il va rebondir au plus vite. En club, déjà, avec le PSG, puis en équipe nationale, où il aura à cœur de montrer sa vraie valeur.»
Pour Yves Débonnaire, ancien footballeur au FC Sion, chef de la formation des entraîneurs en Suisse et consultant à la RTS, il ne faut pas voir Mbappé comme le stéréotype du jeune joueur fragile. «C’est un talent confirmé, champion du monde à 18 ans. Un attaquant de classe mondiale.»
Le plus compréhensif, le plus indulgent pour le numéro 10 des tricolores, c’est encore Stéphane Chapuisat, star à 20 ans avec la Nati, avant-centre de légende du Borussia Dortmund.
Mbappé a loupé son pénalty? «Ça arrive, même aux meilleurs.» Remarquez, le Vaudois, lui, l’avait mis au fond lors d’une demi-finale de la coupe UEFA. Avec le Borussia, contre Auxerre, en 1993. «On avait gagné 2-0 chez nous à l’aller et on avait perdu sur le même score au match retour en France. Les prolongations n’avaient rien donné. Aux tirs au but, j’étais quatrième tireur, j’avais marqué», se souvient l’ex-buteur du grand club de la Ruhr. Il ose tout de même un reproche à Mbappé: «Il a tiré son pénalty à mi-hauteur, facilitant le travail du gardien. Le mieux est de le tirer à ras de terre ou en hauteur.»
Mais l'admiration reprend vite le dessus. «C’est un attaquant incroyable, sûrement le No1 au monde», lâche Stéphane Chapuisat, trente ans de plus que le Bondynois.