Dr. Alessandro Diana, expert auprès d'INFOVAC: «Chaque pays est souverain et fait comme il veut mais on ne devrait pas bannir un vaccin parce qu'il y a une personne sur un million qui décède. Si les risques concernent surtout les jeunes, comme cela semble être le cas avec Astrazeneca, il est dommage de retirer ces doses aux plus âgés qui pourraient quand même en bénéficier. On se prive de cartouches pour combattre le virus.»
«Bien sûr. Ce qu'il faut savoir, c'est que pour tout vaccin nouvellement sur le marché, on continue toujours à surveiller les effets secondaires. Les études de validation sont faites sur des panels de l'ordre de 10 000 personnes mais certains effets surviennent seulement 1 fois sur un million. Dans le cas d'Astrazeneca, il y a eu une alerte pour dire qu'il était possible qu'il y ait un risque accru de thromboses. Mais on sait que dans la population générale, il y a aussi des risques, par exemple chez les femmes qui prennent la pilule ou chez les fumeurs. Ce qu'il est important de dire, c'est que on pense que, on n'est pas encore sûr. Un petit signal lumineux s'est allumé, maintenant, on a besoin de données pour savoir s'il y a un lien de causalité. Le principe est le même pour Johnson & Johnson. Il y a une volonté de transparence, on donne l'information même si elle n'est pas précise à ce moment-là. Tout va vite dans cette pandémie, on ne sait pas tout, on est obligé d'aller bout par bout.»
«Normalement, il faut cinq à dix ans pour obtenir un vaccin, celui-ci a été développé en moins d'un an. Est-il vraiment sûr? La question est légitime. Mais le doute n'est pas une conclusion. Il faut aussi comprendre pourquoi cela a été aussi vite. On a pris le risque de miser lourd parce qu'il y avait péril en la demeure. C'est la première fois que des Etats subventionnent ainsi la recherche, les temps administratifs pour valider le vaccin ont également été accélérés. Au final, il y a eu une conjoncture de moyens qui a prouvé que quand l'humanité veut, l'humanité peut. Il faut aussi dire que sur les 200 projets qui ont été lancés, seuls six ou sept ont abouti.»
«Il faut avoir une évaluation bénéfice-risque. Si vous avez plus de 80 ans, vous avez 15% de risque de décéder du Covid si vous êtes infecté. Vos chances de mourir sont donc énormes. On voit d'ailleurs que ces personnes-là sont moins hésitantes face au vaccin. À l'inverse, que quelqu'un de 20 ans, qui a entre 0,1 et 0,5% de risques de décéder, soit plus hésitant cela me semble normal. Si vous êtes jeune et que vous n'avez pas de facteurs de risque, vous pouvez vous permettre de prendre le temps de la réflexion et de faire la balance entre les chances de mourir du Covid ou de souffrir d'un Covid long et les effets secondaires des vaccins.»
«La vaccination est facultative et non obligatoire, le premier objectif doit donc être un avantage individuel. Mais c'est vrai qu'on observe désormais que les personnes vaccinées ne transmettent plus le virus, donc il y a également un intérêt collectif: indirectement on protège les personnes vulnérables. Au final, il peut aussi y avoir un argumentaire envers les jeunes pour leur dire que non seulement le vaccin leur permet d'éviter un Covid long mais aussi d'arrêter la transmission et de donner moins de chance au virus de muter puisqu'il a besoin de gens à infecter pour le faire.»
«L'un des premiers effets secondaires des vaccins, c'est la possibilité de faire une allergie ou même un choc anaphylactique face à l'un des composants. Mais cela reste hyper rare. En revanche, on ne connaît pas d'autres vaccins – même si cela reste à confirmer pour Astrazeneca et Johnson & Johnson – qui font des thromboses. Dans tous les cas, dans ce domaine, il y a toujours une pesée des intérêts collectifs. On ne va pas priver 999'999 personnes d'un bénéfice majeur pour un décès.»
«Il y a des doses qui sont retirées dans certains pays donc forcément cela ralentit le processus. Cela donne aussi un argument supplémentaire à l'hésitation. On reçoit tous beaucoup d'informations, c'est impossible de tout digérer. Tout le monde sait lire mais est-ce que tout le monde peut décortiquer une étude sur le sujet? Pour le grand public, il manque cette nuance qu'il y a possiblement (réd: il appuie sur ce mot) des effets secondaires – cela reste à prouver – et que c'est très rare.»