C'était dans l'air depuis quelques jours, c'est désormais officiel: Vladimir Petkovic quitte son poste de sélectionneur de l'équipe de Suisse. L'Association Suisse de Football (ASF) a officialisé mardi son départ.
«Nous sommes tristes que Vladimir Petkovic nous quitte», a déclaré le président de l’ASF, Dominique Blanc, dans un communiqué.
Petkovic n'a plus entraîné de club depuis la Lazio en 2013, brièvement et sans succès. A 57 ans, il sait que le facteur chance ne sonne pas toujours deux fois. Il a donc décidé de saisir l'opportunité (mais est-ce le mot exact?) que lui offrent les Girondins de Bordeaux.
Bordeaux n'est pas n'importe quel patelin, évidemment: ancien bastion d'une aristocratie locale, il a remporté six titres de champion de France et nourri des rivalités légendaires avec les grandes villes du pays, à commencer par le Marseille de Bernard Tapie. C'était l'époque où le président Claude Bez débarquait en limousine et gros cigare au centre d'entraînement du Haillan, dont il contemplait fièrement les 28 hectares en s'asticotant la moustache.
Sauf qu'aujourd'hui, le Haillan est un champ de ruines. Les folies successives n'y ont laissé que des trous et des débris. Le fond d'investissement américain King Street est parti sans un regard, ni pour les dettes colossales ni pour les manifestations de rue, après avoir compris qu'il ne gagnerait pas un sous dans cette affaire.
Au bord de la faillite, le club a cédé aux avances (on évoque 70 millions d'euros) de l'homme d'affaires luxembourgeois Gérard Lopez, ancien patron de Lille (avant que ses actionnaires ne l'en éjectent pour mauvaise gestion) et spécialiste revendiqué du trading de joueurs.
Le Tribunal de Commerce de Bordeaux vient de valider la vente du club aujourd’hui.
— La Ligue des Fermiers (@LigueDFermiers) July 23, 2021
Cette décision engendre la vente de Bordeaux à Gerard Lopez, ancien président du LOSC qui devient donc le propriétaire du club.
(@lequipe) pic.twitter.com/6zTUs0iE0j
«Bordeaux est un club relativement instable qui sort de plusieurs saisons catastrophiques. On peut dire qu'il a tout fait à l'envers», observe Alexandre Comisetti, ancien attaquant d'Auxerre et consultant de la RTS pour la Nati.
Et après? «Pour effacer sa dette, le club doit vendre des joueurs. Il sort tout juste d'un redressement judiciaire. L'arrivée de Gérard Lopez peut donner un nouvel élan mais il ne faut pas oublier qu'à Lille, si les résultats ont suivi, c'est aussi parce que le responsable du recrutement était Luis Campos, l'une des références en la matière.»
Le marché des entraîneurs n'a jamais offert autant d'opportunités que cet été. Il y a eu des postes vacants un peu partout, au Real Madrid, à Tottenham, à Everton, à la Juventus, à l'Inter, au Bayern, et il y'en aurait sûrement eu davantage (Arsenal, Barcelone) si des candidatures valables avaient émergé. Aussi, une même question taraude Alexandre Comisetti:
Vue de France, au-delà des rancunes, la venue «du coach qui a éliminé les Bleus» est considérée comme «un gros coup» (L'Equipe). L'inverse est moins évident: lundi matin, la presse suisse relaie prudemment les communiqués officiels et s'abstient de commenter.
«On ne sait probablement pas tout, s'avance Alexandre Comisetti, Petko est trop intelligent pour sauter sur la première occasion. C'est un super entraîneur, j'en suis intimement convaincu: il maîtrise bien son groupe et sent parfaitement les coups. Avant de prendre sa décision, il a sûrement obtenu des garanties au niveau des transferts. Et puis, Bordeaux conserve un certain attrait. Il y a du public, un stade magnifique, un centre de formation performant. C'est juste que, en ce moment, ces avantages ne sautent pas aux yeux...»