Michel Platini est actuellement entendu par le procureur Thomas Hildebrand. L’audition doit durer jusqu’à mardi et il n’y en aura pas d’autre: soit Platini est innocenté, soit il est renvoyé devant un tribunal.
Le Français est soupçonné d’escroquerie, gestion déloyale, abus de confiance et faux dans les titres. Ces charges sont passibles de cinq ans d’emprisonnement.
Des honoraires de deux millions de francs perçus en 2011. Michel Platini a reçu ce virement de la FIFA pour un mandat de conseiller auprès de Sepp Blatter entre 1999 et 2002. Problème: ce montant n’est justifié par aucun document contractuel ni aucune écriture comptable. Autre problème: le travail de Platini a été payé neuf ans plus tard.
Blatter et Platini affirment que leur contrat était oral. A cette époque, tout les unissait: le premier briguait la présidence de la FIFA, le second celle de l’UEFA. A travers l'alliance, Blatter cherchait l’adhésion des hommes de terrain, Platini une légitimité politique. Osmose complète fondée sur une complémentarité parfaite. Depuis six ans et d’innombrables procédures, la justice suisse tente d’établir si les deux millions de francs versés à Platini (et dont la FIFA réclame le remboursement) ont servi à acheter le Français et ses soutiens.
Devenus rivaux, voire ennemis, Platini et Blatter ne s’entendent plus que sur un point: leur ligne de défense. Officiellement, Platini percevait un salaire annuel de 300 000 francs - salaire notifié par une convention écrite. Le solde ne serait que «le complément du salaire». Si la FIFA a mis neuf ans à payer, c’est parce qu’elle avait des «problèmes de trésorerie». Et s’il n’existe aucune trace comptable, c’est un oubli, éventuellement une négligence.
Qui a révélé l'existence de ce versement litigieux à quelques semaines des élections présidentielles à la FIFA? En d’autres termes, à qui profite le crime? Grand favori de cette élection 2015, Platini en a été exclu, puis interdit de toute activité en relation avec le football pendant huit ans - peine ramenée à six ans. Réélu dans le chaos, Sepp Blatter a démissionné quelques jours plus tard. Gianni Infantino, candidat de dernière minute, a été catapulté à la présidence.
Le Français reste convaincu que cette affaire est une machination de Gianni Infantino, son ancien bras droit, dans le but de l’écarter du pouvoir et de devenir calife à la place du calife. Si Platini est mis hors de cause mardi, il «ne s'interdit pas» un retour en politique, comme il l’a confié à Patrick Oberli dans Le Matin Dimanche.
J’ai aimé le football de #Platini comme on aime en enfance.J’ai rêvé de ses maillots,le bleu, le vert,le noir et https://t.co/wNlcnoq47D l’ai vu enivrer le Chaudron Michel, faire chavirer le Comunale Michele,illuminer le Parc Platoche. On ne voyait que lui. Il était mon football pic.twitter.com/t6fTNi7Rjc
— Alexandre Bompard (@bompard) March 7, 2021
Depuis cinq ans, Platini court les tribunaux et les médias à grand tirage, dans l’espoir de laver son honneur. Quand bien même toutes les accusations seraient levées, peut-il ressortir totalement blanchi d’une époque aussi sombre ? Preuve que sa saga judiciaire n’en finit pas, Platini est encore convoqué mercredi à Sarnen, cette fois-ci en qualité de témoin, dans l'enquête qui vise Gianni Infantino et l'ancien procureur général Michael Lauber pour collision d’intérêts...