L'Espagne reçoit le Kosovo mercredi soir à Séville, un match des qualifications pour le Mondial 2022 au Qatar. Ce premier duel de l'Histoire entre les deux équipes se jouera dans un contexte particulier: l'état balkanique – qui a déclaré son indépendance (de la Serbie) en 2008 – n'est par reconnu par le gouvernement espagnol. Seuls quatre autres pays de l'Union européenne adoptent la même position que l'Espagne: la Slovaquie, Chypre, la Roumanie et la Grèce (qui figure dans le même groupe que les Ibères et les Kosovars).
Au début du mois, une polémique est née de ces relations diplomatiques compliquées. Au moment d'annoncer les joueurs retenus pour les prochains matchs, la fédération espagnole de football a mentionné «le territoire du Kosovo» pour définir son futur adversaire. Des termes suggérant que le pays des Balkans n'est pas considéré comme tel par les instances espagnoles.
⚠️ OFICIAL | @LUISENRIQUE21 dará a conocer la próxima lista el lunes 15 de marzo.
— Selección Española de Fútbol (@SeFutbol) March 9, 2021
🌎 España inicia el camino hacia #Catar2022 contra Grecia, Georgia y territorio de Kosovo.
➡️ Luis de la Fuente también anunciará la convocatoria para la EURO Sub-21.
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Le communiqué a fait fortement réagir la fédération kosovare. Elle a demandé à la Roja de remplacer la dénomination problématique par la simple mention «Kosovo», mettant la sélection coachée par le Neuchâtelois Bernard Challandes sur un pied d'égalité avec les autres nations, reconnues par l'Espagne, elles.
«Le drapeau du Kosovo flottera en Espagne et l'hymne sera chanté, sinon nous refuserons de jouer. L'Espagne a déjà été condamnée pour de tels obstacles avec les équipes plus jeunes, donc pour nous et l'UEFA, tout est clair. "
— Football Kosovar FR 🇽🇰 (@FootballKosovar) March 9, 2021
- Agim Ademi, Président de la FFK pic.twitter.com/j5ywC447qJ
Ne pas être reconnus officiellement signifie, pour les Kosovars, une impossibilité d'utiliser en Espagne leurs passeports, leur hymne et leur drapeau. Des obstacles problématiques, pour ne pas dire infranchissables, dans l'organisation d'un match de football officiel. La preuve: le Kosovo a menacé de ne pas disputer cette partie à Séville si son adversaire ne lui offrait pas un accueil dans les règles de l'art (ou en tout cas conforme aux règlements de la FIFA et de l'UEFA). En 2019, la fédération espagnole avait refusé d'accueillir sur son territoire des rencontres continentales U17 auxquelles participait la sélection kosovare, déjà pour la même raison.
Pour calmer les inquiétudes et éviter un remake de cet épisode fâcheux, la fédération espagnole a assuré qu'elle respecterait les protocoles mercredi soir. Elle a en tout cas envoyé un signal dans ce sens il y a deux semaines. Au moment d'annoncer la conférence de presse de son sélectionneur Luis Enrique, elle a utilisé le terme neutre de «rencontres internationales» pour parler de ses prochaines confrontations, y compris celle contre le Kosovo.
🔴 EN DIRECTO | Da comienzo la rueda de prensa del seleccionador nacional @LUISENRIQUE21 para analizar la convocatoria para los próximos compromisos internacionales.#SomosEspaña #SomosFederación https://t.co/UA4Oceqdza
— Selección Española de Fútbol (@SeFutbol) March 15, 2021
Sportivement, ce duel Espagne-Kosovo est alléchant. Les Ibères voudront reprendre confiance après un début de campagne mitigé. Ils ont concédé un nul surprenant chez eux contre la Grèce (1-1) avant d'aller gagner chichement en Géorgie samedi (2-1). Côté kosovar, les joueurs de Bernard Challandes ont montré à plusieurs reprises leur potentiel élevé. Notamment lors des qualifications pour l'Euro 2021, dans lesquelles ils ont atteint les barrages. Ils auront, eux aussi, envie de corriger le tir mercredi à Séville, après une entrée dans ces éliminatoires ratée samedi à la maison (défaite 3-0 contre la Suède).
Le Chablaisien d'origine Benjamin Kololli, milieu du FC Zurich, et ses compatriotes présentent de jolies qualités techniques et un état d'esprit positif. Celui d'une jeune nation du football, fière de son maillot, et qui doit encore faire ses preuves pour être reconnue sur... et en dehors des terrains.