Avant un match de football à l'Euro, il y a les hymnes; avant les hymnes, il y a la présentation en plateau; et avant la présentation en plateau, il y a cette publicité lunaire du magasin en ligne Galaxus, à la fois embarrassante et comique (le second constat découle peut-être du premier), dans laquelle Gilbert Gress et Stéphane Chapuisat jouent aux acteurs en compagnie de la footballeuse internationale Meriame Terchoun.
Les trois personnalités échangent sur le football dans un vrai-faux débat, animé par un vrai-faux journaliste (Laurent Bastardoz, 25 ans de micro à la RTS) propulsé sur ce vrai-faux plateau un peu par hasard. «Galaxus avait pensé à Philippe Ducarroz mais il était encore sous contrat avec Teleclub. Du coup, il leur a donné mon nom.»
Cette joyeuse troupe de néophytes a passé deux jours mi-avril à Zurich pour enregistrer 18 spots publicitaires écrits et réalisés par une équipe de production. Ils sont diffusés au compte-gouttes chaque soir de compétition, toujours avant le retour en plateau. C'est d'ailleurs ce qui fait tout l'originalité de ces épisodes: le téléspectateur confond très souvent la publicité avec l'émission qui précède le coup d'envoi. «Des amis m'ont appelé l'autre jour en pensant que j'étais l'expert invité à la RTS», en rigole encore Stéphane Chapuisat.
Gilbert Gress n'est pas peu fier du résultat. On lui a lancé un coup de fil cette semaine.
Gilbert Gress est un homme de télévision. Il a du charisme, le verbe toujours bien placé et un goût pour la comédie.
Stéphane Chapuisat n'aurait jamais osé. Le Vaudois est un homme de peu de mots, un taiseux notoire dont on devine qu'il a dû forcer sa nature pour apparaître dans les épisodes, même s'il dit que ce n'est pas vrai, que «c'est venu spontanément.» Ce qui est certain, c'est que la présence de son ancien sélectionneur sur le plateau l'a rassuré.
Car Stéphane connaît bien Gilbert, ses habitudes et son caractère. Alors avant le tournage, il a prévenu Laurent Bastardoz:
Gress a toujours vouvoyé ses joueurs et attendu la même déférence en retour. Il n'a jamais dérogé à cette habitude sauf donc pour Miss suisse 2006, une complice de longue date dont «la beauté et le charme», comme il dit, l'ont convaincu de réviser ses principes.
Les téléspectateurs reverront souvent «GG» et ses collègues comédiens jusqu'à la finale, le 11 juillet. Maintenant que tous les clips sont en boîte, un seul cas de figure nécessiterait un jour de tournage supplémentaire: si la Suisse atteignait les quarts de finale.
Laurent Bastardoz ne voit pas très bien comment la chose pourrait arriver, «surtout après la défaite face aux Italiens», mais il se tient prêt. Gilbert Gress aussi. Le people de 79 ans ne craint ni les déplacements à Zürich, ni l'enchaînement des prises. «Quand on me demande mon âge, je dis que j'ai 41 ans. Les gens me regardent un peu de travers. C'est mon année de naissance», lance-t-il, goguenard, quand on lui fait remarquer que ses collègues de plateau ont été bluffés par son étonnante forme physique.
«Il m'a scotché», admet Bastardoz. «Il est incroyable, trouve Chapuisat, mais je ne connais pas son secret.» Gilbert Gress se fait soudain plus sérieux et révèle: «J'habite au sixième étage et je ne prends jamais l'ascenseur!»