Heureusement qu'avant le premier Grand Prix de la saison, «on» disait sa Mercedes «inconduisible» et sa patience «à bout», selon les échos fébriles du paddock. Imaginons ce que serait cette année de Formule 1 si Lewis Hamilton l'avait démarrée peinard au volant d'une voiture impeccable...
Après trois GP, l'Anglais en a déjà remporté deux, le dernier hier au terme d'«une course terriblement difficile» (what else?). Son talent, son sang-froid, et jusqu'à sa folle gaieté humilient son propre équipier, Valtteri Bottas, dépassé par l'extérieur comme un conducteur de Twingo, puis relégué dans un lointain sillage (33'').
Puisque l'espoir doit vivre, les échos du paddock continuent de propager l'idée d'un Lewis Hamilton en situation d'efforts face à une meute de poursuivants anars. «On» le dit, «on» le répète: il reste vingt courses, plein d'écueils, et un Verstappen unique. Mais «on» évite la question embarrassante: Hamilton est-il bien de ce monde, un tant soit peu vulnérable, soumis aux affres de la concurrence ordinaire?
"My car is slower this year" - Lewis Hamilton pic.twitter.com/iJjfej2y0k
— craving abroad kasana🧘🏿♂️ (@Uwagasabune) May 2, 2021
Heureusement que le personnage, s'il est excentrique, est aussi de nature inquiète, et qu'il sait entretenir le doute - fusse celui des autres. Après sa 97e victoire en Grand Prix, le septuple champion du monde (de manière discontinue depuis 2017) a fait mine de tressaillir:
Heureusement pour le suspense que l'écurie Mercedes a senti «Lewis très essoufflé pendant la course», et même un peu «carbo» sur la fin. A l'heure où la Formule 1 s'ajoute des Grand Prix à n'en plus finir, à l'heure où elle perd l'attention de son public post-pubère et lutte contre la montée du sentiment écologique, il ne manquerait plus qu'Hamilton roule pépère sur une voie toute tracée. Encore vingt courses...