Dans le jargon, on a coutume de dire que les secondes défilent au tableau d'affichage. Mardi soir, certains ne les ont pas vues venir (quand vient la nuit, les secondes, comme des lâches, rampent sans bruit).
Accrochez-vous car tout va très vite dans le football hockey:
L'ordre mondial n'en sera pas tourneboulé mais ceux qui se revendiquent d'un football «couillu», fait de gueulantes puissantes et de mauvaise foi repoussante, seront probablement émus d'apprendre le licenciement cette nuit de Pascal Dupraz, au fond des goals (14e) avec le Stade Malherbe de Caen.
Barbe piquante et verbe las (et réciproquement), Dupraz n'a pas son pareil pour paraître pauvre, provincial et besogneux. Mais les postures victimaires finissent par blaser ceux qui se voient grands et forts, et Caen a tout de même attendu trois mois, une seule victoire depuis décembre, pour ouvrir les yeux.
Le transfert tant subodoré de Pascal Dupraz au FC Sion pourra-t-il enfin se faire?
Une pensée pour lui. Un coach avec lequel j’ai toujours eu beaucoup de plaisir à échanger. Il avait acheté une maison en Normandie, la rénovait avec sa femme. Il s’y sentait bien. La vie du foot... https://t.co/kBiOnkBmVZ
— Julien Caloz (@juliencaloz) March 23, 2021
Un baiser sur la bouche en direct et une jupe soulevée avec un air fripon - pour qui l'ignorerait encore. A J+2, tout ce que la France compte de geeks progressistes, de confinés et de cons finis, se houspille encore pour savoir si Pierre Ménès est un gros lourd (discrimination) ou une varlope (langage épicène), s’il a un humour de vieux (59 ans) ou de primate, un pois chiche à la place du cerveau (vegan) ou une braguette à la place des yeux.
« - Est-ce que tu le referais ? Me soulever la jupe comme ça ?
— Elsa (@ElsaMargueritat) March 22, 2021
- Oh oui. »
L’impunité totale. #PierreMenes #JeNeSuisPasUneSalope pic.twitter.com/R4RM77gX4A
C’est un débat de notre temps, forcément bienpensant ou malveillant, résolument manichéen, où il n’y a pas d’entre-deux possible, seulement des avis sans discussion, un jugement définitif dernier. Mais avant de savoir si Pierre Ménès est une ordure ou ses victimes des mijaurées, avant de conclure à un suicide médiatique, demandons-nous pourquoi la réprobation a mis cinq ans à se manifester. Pourquoi l'indignation populaire, ministérielle et confraternelle qui, aujourd'hui, roule des yeux effarés devant ce baiser hideux n'a pas vu le problème en 2016 (1,04 million de téléspectateurs tout de même, sans compter les réseaux sociaux)?
Si par « on ne peut plus rien faire en 2021 » #PierreMenes veut dire qu’on ne peut plus agresser sexuellement ses collègues de travail en 2021 c’est le cas, et tant mieux je m’en réjouis.
— 🇫🇷 MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) March 23, 2021
La notoriété ou le direct ne sont pas des pass pour agresser les femmes. #RMC pic.twitter.com/XECzrS8rYg
A moins que ce ne soit pas de Ménès ni de ses victimes dont nous parlions, mais de nous-même, pure projection, toutes les fois où n'avons rien osé dire (lourde responsabilité) ou trop osé faire (mœurs légères). Non?