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Grossesse: les 3 premiers mois pèse sur le tabou de la fausse couche

10% des femmes vivent une fausse couche. Comment briser ce tabou?

Une femme sur dix fait une fausse couche et c'est encore tabou.
Une femme sur dix vit une fausse couche, le plus souvent durant les trois premiers mois de sa grossesse. Pourtant, le tabou autour de la perte d'un bébé est encore puissant. Est-il nourri par le silence usuel qui entoure les trois premiers mois de grossesse? Témoignages.
02.05.2021, 08:1319.06.2021, 09:32
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Allumez votre chrono, réglez-le sur «une minute». Durant ces 60 petites secondes, 44 fausses couches ont eu lieu dans le monde.

Ce chiffre a été publié ce mardi dans un rapport de The Lancet. La revue scientifique a aussi révélé que 10,8% des femmes sont touchées. Des fausses couches, il y en a partout, tout le temps. Pourtant, on les minimise, dit l’étude. On n’en parle pas. Le tabou est là, puissant, rampant. Il se nourrit du silence. Et il peut rendre la douleur de la perte plus lourde encore et le soutien plus difficile à trouver.

Osons alors une question: se pourrait-il que ce tabou soit alimenté par le «secret» des trois premiers mois de grossesse?

Un secret aussi social que médical

Ce «silence social» et coutumier veut que les femmes ne parlent pas de la présence du bébé avant 12 semaines. Il a des origines historiques mais aussi très pragmatiques. Psychologue au CHUV et directrice du Lausanne Perinatal Research Group à l’Unil, Prof. Antje Horsch nous éclaire:

«Ces trois mois coïncident avec le premier scan où il y a confirmation de la bonne santé de l’enfant et de la viabilité»

La spécialiste rappelle que les fausses couches dites précoces sont les plus courantes et qu’elles surviennent avant la douzième semaine. Alors, comme pour ne pas se porter malchance, nombre de couples gardent le secret.

Eva*, Lausannoise de 34 ans, ne déroge pas à cette règle tacite lorsqu’elle tombe enceinte en 2017: «Pour moi, c’était une forme de superstition, sans pouvoir la verbaliser». Ses collègues devinent qu’elle est enceinte parce qu’elle ne fume pas, mais sinon, personne ou presque n’est au courant.

Et vous, avez-vous tenu votre grossesse secrète durant trois mois?

En cas de fausse couche, c'est la double peine

Un jour, il y a les douleurs dans le bas-ventre et la peur au ventre. Il y a la perte et les cicatrices au coeur. Eva parle alors aux siens. Elle doit dire la grossesse et la tristesse. «J’avais besoin que mon entourage proche sache ce que j’ai vécu. C’est une épreuve qui change qui on est.»

«Pendant des mois, j’avais l‘impression d’être une maman sans bébé»
Eva*

Depuis, Eva a libéré sa parole autour de la fausse couche. Elle en parle ouvertement, pour que le tabou s’étiole: «On n’imagine pas que ça arrive aussi souvent! On croit qu’une fois que le test de grossesse est positif, «c’est bon», on a fait le plus dur».

Pour elle, le secret des trois premiers mois donne bel et bien du grain à ce silence millénaire. Antje Horsch est du même avis: «Il est plus difficile pour la femme ou le couple de parler d’une fausse couche si l’entourage n’est pas informé de la grossesse. La montagne à gravir est plus haute et cela peut renforcer le sentiment d'isolement.»

Alors, faut-il
briser ce silence?

Lever une fois pour toutes cette convention des trois mois dans l’ombre serait-il bénéfique pour visibiliser la fausse couche?

Au coeur du Valais, Elise*, 33 ans, n’a jamais «respecté» le silence des trois mois. Son principe: «de toute façon, tu as besoin de tes proches, que ça se passe bien ou pas». Deux fois, Elise a dû dire au revoir. A deux petits-êtres qui grandissaient en elle. «Annoncer les deux nouvelles à la fois aurait été encore plus dur, de voir les gens se réjouir d’abord puis s’effondrer ensuite», confie-t-elle.

La jeune femme est convaincue que libérer la parole plus tôt sur sa grossesse, et sa fausse couche si elle survient, lèverait le tabou:

«Ne pas en parler, c’est n’entendre que les femmes qui ont «réussi». C’est participer à l’idée qu’il ne faut dire que les choses qui se passent bien. En partageant, on se rend compte qu’on est vraiment pas seules»
Elise*

À l'inverse, Eva* souligne la souffrance d'une «contre-annonce» et comprend que certaines femmes choisissent le secret pour l'éviter.

Au final, nos trois interlocutrices sont toutes d'accord sur une chose: briser une convention sociale qui concerne l'intime de chacune et de chaque couple, c'est un peu radical. «Par principe, cela doit rester un droit et un choix personnel», conclut Antje Horsch.

Et vous, avez-vous déjà été touchées par la fausse couche? Qu'en pensez-vous? Nos commentaires sont ouverts. 💛

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