Ulysse Ha Duong voulait simplement apprendre à survivre. Lors de son stage de survie, le jeune Français est mort intoxiqué suite à un mélange de plantes toxiques. Huit autres participants ont été amenés à l’hôpital.
Cette mort tragique survenue l’été dernier met un coup de projecteur sur l’essor du survivalisme et des mouvements sectaires. Marlène Schiappa, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté, a annoncé avoir identifié près de 500 groupes sectaires au cours de la pandémie en France. Elle a dénoncé:
Par conséquent, la ministre a multiplié par dix les moyens de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.
Cette nouvelle tendance n’a rien de surprenant. La pandémie accentue le sentiment d’incertitude et accroît les craintes. Didier Pachoud, président du Groupe d'étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l'Individu explique:
Pour lui, les 500 groupes sectaires évoqués par Marlène Schiappa, «c’est la partie visible de l’iceberg». On compte de nombreuses dérives sectaires. En France, Marlène Schiappa a informé qu’on dénombrait plus de 140 000 personnes faisant parties d’une secte.
La plupart des partisans sont des femmes et des jeunes. Toutefois, le type de sectes a changé pendant la crise. La ministre explique:
Didier Pachoud souligne également la hausse des recours aux techniques de méditation ou de soins telles que la pratique Vipassana ou le reiki. Des méthodes très populaires en cette période de crise sanitaire.
On retrouve aussi une tendance similaire avec la multiplication des thérapies à base d’aliments crus. Plus d’une centaine de saisines ont été enregistrées à l’encontre de Thierry Casasnovas, un youtubeur qui prône le crudivorisme et le jeûne.
Plusieurs personnes ont été victimes de ses programmes et ont perdu parfois jusqu’à 35 kilos. Toutefois, l’autorité de contrôle ne peut rien faire contre une personne qui recommande une alimentation à base de jus de légumes et de fruits crus.
Christian Tal Schaller, un médecin holistique genevois, profite également de la crise actuelle pour promouvoir ses formations (chamanisme, urinothérapie). Dans son nouveau livre, le «médecin» n’hésite pas à se demander si la vaccination contre le Covid ne serait pas en réalité un génocide planétaire.
Depuis le début de la pandémie, plus d’une vingtaine de procédures judiciaires à l’encontre d’individus ou de groupes sectaires sont en cours suite à des investigations de Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Selon l'organisation, des sessions de coaching individuelles par des guérisseurs, des magnétiseurs ou des chamans peuvent coûter jusqu’à 100 000 euros si l’on prend un abonnement.
C’est surtout la Suisse romande qui est touchée par les sectes sur les réseaux sociaux. Fin mars, la socialiste et membre du Grand Conseil vaudois Claire Attinger a déposé une interpellation demandant au Conseil d’État et au Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC), s’ils constatent un effet de la pandémie sur les activités sectaires dans le canton.