Blogs
Pénélope Page

La rupture la plus absurde de l'histoire des ruptures

Image
shutterstock
Pénélope Page

La rupture la plus absurde de l'histoire des ruptures

07.04.2021, 11:4607.04.2021, 17:31
Suivez-moi
Plus de «Blogs»
Pénélope Page
S’abonnerS’abonner
Pénélope Page...
...fait une entrée hyper stressante dans la trentaine, avec son lot d'expériences foireuses. Aussi spontanée et délurée que névrosée, Pénélope fait ce qu'elle peut pour dealer avec l'existence et sa dose de paradoxes. Tout comme vous! Comme elle en connaît un rayon sur les déboires amoureux, vous pouvez également lui poser vos questions les plus intimes. Elle vous répondra directement toutes les semaines. Et, n'ayez crainte, comme elle, vous resterez anonyme.

J’ai rencontré Dylan dans un bar, il y a quelques années. A l’époque où l'on faisait encore des rencontres spontanées et sans écran interposé. A l’époque aussi où l'on pouvait encore aller dans ces endroits lugubres mais accueillants qu’on appelait bars. Jadis, quoi.

Je venais de me réconcilier avec ma féminité et je tâtonnais un peu. Sur le moment, le fait de me mettre avec ce mec un peu macho ne m’a pas semblé poser problème. J’étais «sa meuf». Ça me convenait. Grave erreur. (Pas la première 👇)

Non seulement il était macho, mais il était psychorigide. Notamment à cause de sa religion. Il me faisait des remarques sur mes poils au menton origines que, selon lui, sa mère n’approuverait pas. Entre autres. Le genre de trucs qui mettent à l’aise.

Dylan était très beau. A la tête d’une entreprise florissante. Il se vantait de faire «plus de blé que Sarkozy». Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille.

Il était autoritaire et totalement obnubilé par lui-même. Un peu parano aussi. Il achetait tout en gros. Il avait des pièces pleines de PQ, dans son appart’ de célibataire égocentrique, avec un miroir au plafond et des néons autour du lit. Parfois, je le surprenais en train de s’admirer dans sa salle de bain, recouverte de miroirs sur les murs. Il me disait «regarde comme je suis beau, regarde comme je suis musclé». Un peu comme un ex-gros persécuté dans la cour de récré qui avait besoin de prendre une revanche démesurée sur sa propre image.

Un peu comme ça, mais en plus con

Image

Quand j’y pense, je me demande vraiment dans quelle sorte de léthargie neurasthénique je devais évoluer pour m’être laissée convaincre par un type pareil.

Quand on couchait ensemble, le gars était en représentation. Il avait toute une chorégraphie à lui, comme dans une mise en scène bruyante et surjouée, de laquelle il était le héros. J’avais presque l’impression d’être là en spectatrice. C’était fascinant et aussi un peu pathétique. Ou plutôt le contraire.

Dans sa bagnole, une petite Smart certainement inadaptée à son égo, il avait un genre de récipient à monnaies. Chacune avait son emplacement précis. A chaque fois qu’on prenait la caisse, il fallait, avant toute chose, qu’il ait rangé chacune de ses piécettes à la bonne place. Il tenait à ce que ce soit fait avant que je ne sorte. Et moi, j’obéissais. Comme une conne.

Jusqu’à ce que du riz cantonais vienne mettre un terme à ce conte de fées pour masochistes. (Décidément... 👇)

Un jour, on est sorti chercher des plats chinois à emporter, au resto en bas de chez lui. Comme 80% du temps, Dylan était au téléphone avec sa mère, me laissant le soin de gérer l’opération et de choisir le menu. Bœuf pour lui, canard laqué et riz cantonais pour moi. Pas de réaction.

Ce n’est qu’arrivés chez lui qu’il m’annonce qu’il était hors de question que ce riz passe le pas de sa porte. A cause des bouts de jambon dedans.

Il me l’a dit d’un air tout à fait détaché, comme si c’était une évidence et qu’il n’y avait pas à discuter.

Môsieur voulait donc me faire bouffer mon canard sans mon riz. C’en était trop. Tu peux me faire ce que tu veux, mais tu touches pas à ma bouffe.

Ma réaction (mentale) à ce moment-là:

J’ai donc pris mon riz et mon canard et suis partie sans un mot. Je ne l’ai plus jamais revu. C’est la rupture la plus efficace que je n’ai jamais vécue.

Raconte-moi la tienne! (Ou tes histoires de pâtes, ça me va aussi)

Tu veux me poser une question (ou me parler de bouffe)? Ecris-moi à:

penelope.page@watson.ch

Voici à quoi je ressemble, à quelques détails près: j'ai laissé tomber les tresses.
Voici à quoi je ressemble, à quelques détails près: j'ai laissé tomber les tresses.pc
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Comment la Suisse a plongé des milliers d'Italiens dans la précarité
Dans les années 1960, la Suisse s’interrogea quant au statut des travailleurs immigrés venus d’Italie. Si leur main d’œuvre était la bienvenue, leur présence au sein de la société l’était moins...

«Ils voulaient des bras et ils eurent des hommes». C’est ainsi que l’écrivain Max Frisch dénonça, en 1965, l’attitude de la Suisse en lien avec l’accord relatif à l’immigration de travailleurs conclu avec l’Italie en 1948: alors que l’économie florissante du pays avait besoin de main d’œuvre étrangère, il fallait éviter à tout prix une «emprise étrangère».

L’article