Comme j’ai décidé de vous embarquer avec moi dans ma recherche de l’amour impossible, autant que dans ma quête d’expériences sexuelles, mieux vaut que je vous en dise un peu plus sur moi.
Merde, c’est bien la question la plus conne du monde. Premièrement, si je le savais, je ne le serais pas!
Quoi que, c’est pas tout à fait vrai: j’ai bien quelques idées quand même...
«T’as deux fois plus de choix!» qu’ils me disent. Sauf que non: les femmes lesbiennes se méfient des bi qui pourraient les lâcher pour la première queue qui passe. La bissexualité n’est en fait pas vraiment appréciée dans le milieu gay. On passe un peu pour des indécis qui ne parviennent pas à trancher, ou qui n’assument pas leur étiquette d’homo. C’est trop de possibilités, trop de menaces hypothétiques. TROP! Personne n’a envie de gérer ça. Quant aux mecs, s’ils se mettent à baver en apprenant que vous avez le cul entre deux chaises en espérant pouvoir s’y glisser, c’est que c’est pas franchement super bien parti comme relation.
Bref, trop de choix tue le choix.
Ou plutôt, les gens m’emmerdent. Plus ça va et plus je me rends compte à quel point c’est difficile de trouver des congénères qu’on arrive à encadrer. Avec lesquels on prend plaisir à discuter pendant des heures, sans s’ennuyer. Peut-être que je vire misanthrope avant l’heure, mais je trouve que c’est hyper rare de réussir à tisser des liens vraiment profonds avec les autres. Amis ou amants d’ailleurs. C’est déjà tellement difficile de trouver quelqu’un qui ne nous pompe pas l’air au bout de quelques heures, alors vivre avec! Rien que d’y penser, ça me provoque des palpitations. Les vieux couples qui réussissent à se supporter jusqu’à la fin méritent de figurer au Panthéon des héros.
Du coup, c’est pas l’intro la plus séduisante lors d’un date...
Le coup classique de l’influence marketing sur nos petits cerveaux de bipèdes. Lorsqu’on vous rabâche – pendant les années cruciales de votre construction d’être humain à peu près fréquentable – que l’amour se trouve au bout d’un spaghetti, qu’il faut attendre «le bon» tout en récurant la cuisine, que votre âme sœur finira bien par vous tomber sur un coin de la gueule, votre vie amoureuse ne peut être qu’un fiasco lorsque vous réalisez qu’on vous a bourré le crâne avec des conneries toute votre enfance. Que le prince charmant n’existe pas, mais que Sergio, monteur électricien, est sympa aussi, puis il fait bien les lasagnes et s’occupe bien des enfants. Les trucs qui comptent, bordel!
Nan, je crois que j’ai pas encore fait le deuil de ma «seconde moitié», de cette connexion qu’on ne voit que dans les films. Alors j’attends.
Oh et puis merde, je n’ai que 30 ans. On est en 2021. De nos jours on se marie à 40 ans et on fait des gosses à 45, non? C’est la nouvelle norme. Avant, on a autre chose à foutre. On bâtit son avenir. Il nous aura fallu le temps, mais on a fini par comprendre que commencer par un contrat d’appartenance à vie (alors qu’on stresse de souscrire un abonnement annuel aux TPG) s’entourer de marmaille et se bloquer dans un truc angoissant et sans fin apparente n’était peut-être pas hyper stratégique.
Du coup, je m’intéresserai à ça sérieusement après avoir écrit mon premier best-seller ou achevé l'ascension de l’Everest.
Je crois que c’est le truc qui me terrifie le plus au monde. Je ne l’accepte qu’à certains aspects de ma vie. Comme la clope et le café le matin. Ou les popcorns avec les séries le soir. Et tout ce qu’il y a entre deux, finalement. Mais ça ne peut pas être également routinier dans mes relations aux autres, sinon je crois bien que je finirais par péter un câble.
En fait, ce que j’aime dans les relations de couple, ce sont les débuts. Les moments où ton cœur bat la chamade et que t’es complètement obnubilé par l’autre, que toutes les étapes de rapprochement sont excitantes. Et rien que l’idée de perdre ça, ça me fout de l'eczéma.
Du coup, lorsque je suis dans une relation et que tout se passe bien, ça me stresse tellement que je passe en mode sabotage. Je pique des crises pour rien et je deviens hyper-mega-chiante, de façon à faire fuir ma victime. Dans ce genre de cas, l’alcool est mon meilleur allié. Il suffit de se bourrer la gueule un bon coup et je deviens tellement insupportable que les gens ont tendance à se carapater en quatrième vitesse. D’ailleurs, ça marche aussi avec les amis, j’ai remarqué.
Donc, quand ça va, c’est jamais pour très longtemps.
Voilà, je pourrais continuer encore longtemps à énumérer mes problèmes, mais vous avez pas toute la journée et je préfère passer à du concret. Alors je vous dis à la semaine prochaine et, en attendant, envoyez-moi VOTRE liste histoire que je me sente un peu moins seule.
penelope.page@watson.ch