Le verdict est net, mais le résultat est plus serré que ce les derniers sondages prévoyaient: la Suisse a accepté à 56,6% la modification de la loi contre le terrorisme. La campagne était plutôt calme, mais plus la date butoir approchait, plus les opposants se sont fait entendre. Pour eux, la loi permettrait aux autorités de prendre des mesures aléatoires contre des activistes, en prétextant la prévention du terrorisme.
Ce que conteste le camp des partisans. Heureusement, la population a «clairement exprimé que la lutte contre le terrorisme est d’une grande importance. Mais les autorités sont appelées à appliquer la loi avec des mesures nécessaires et proportionnées», estime le conseiller national UDC et membre de la Commission de la politique de sécurité, Mauro Tuena.
Les partisans avaient souligné les préoccupations existantes sur l’utilisation abusive des nouveaux instruments par les autorités. «Pour nous, il est important que la loi soit appliquée comme elle se doit et qu’elle permette d’empêcher des actes terroristes. Il ne faut pas qu’elle serve à la lutte contre les activistes ou extrémistes», explique Mauro Tuena.
Le conseiller aux Etats PLR, Thierry Burkart, tient un discours similaire: «Les autorités se serviront des nouveaux instruments de manière responsable». Il rappelle que la loi prévoit de «nombreux obstacles» avant qu’une mesure puisse être appliquée, et ce, afin d’éviter toute action arbitraire des autorités.
Après le vote, les partisans estiment-ils que la Suisse est suffisamment équipée pour les années à venir dans la lutte contre le terrorisme? La loi ouvre-t-elle la porte pour de nouvelles demandes de mesures? Pour le conseiller aux Etats PLR, Thierry Burkart, la nouvelle loi « comble une lacune importante dans le domaine de la prévention policière». La sécurité absolue n’existe pas, car elle n’est simplement pas atteignable. Mais pour l’instant, la Suisse est bien positionnée dans la lutte contre le terrorisme.
À l'heure actuelle, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) n'a pas besoin de ressources supplémentaires pour la lutte contre le terrorisme. «Mais ce que l'avenir nous réserve reste à voir», estime Thierry Burkart. En 2020, le Parlement a considérablement augmenté le budget du SRC. D’ici à fin 2023, le nombre d’emplois passera à 415 postes à temps plein, soit une augmentation d'un tiers en cinq ans. «Nous sommes déjà très généreux avec le SRC. Il serait donc erroné de faire un chèque en blanc pour une nouvelle augmentation d'emplois. Les ressources nécessaires dépendent du niveau de menace», déclare le conseiller national UDC Mauro Tuena.
Mauro Tuena a déposé cette intervention suite à l’attaque au couteau d’un djihadiste connu des autorités. L’attaque a eu lieu à Morges (VD) le 12 septembre dernier et pour le conseiller national, il n’aurait pas pu être évité, même avec les mesures de la MPT.
La conseillère nationale PDC, Ida Glanzmann, du canton de Lucerne, préside la Commission de la politique de sécurité. Elle a également co-signé l’intervention. Pour elle, ce débat est nécessaire: «Mais il est clair que la compatibilité avec la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) est difficile à atteindre».
Le conseiller aux Etats PLR d’Argovie, Thierry Burkart, considère que l’intervention de Mauro Tuena est «clairement contraire à la CEDH» et s’y opposera. Mathias Zopfi (Verts), conseiller aux Etats de Glaris s’oppose aussi à la MPT: «La proposition est tellement incompatible avec la CEDH que je ne pense pas qu'elle ait une chance. C'est dire à quel point j’ai confiance en le Parlement et ses connaissances du droit», déclare-t-il.